Des charrues et des hommes

Du 8 juillet 2005 au 27 novembre 2006

Présentation

À partir de l'histoire et de la typologie d'une charrue, objet aussi banal que méconnu, l'exposition "Des charrues et des hommes" se propose de parcourir l'histoire de l'agriculture en Loire-Atlantique, de découvrir la richesse des collections du département, et d'évoquer l'actualité du monde agricole...

Terre d'estuaire tournée vers l'océan et animée par le fleuve, la Loire-Atlantique est également connue pour la diversité et le dynamisme de ces productions agricoles (maraîchage, élevage, vignoble...) qui s'ancrent dans des traditions anciennes.
Celles-ci s'expriment de façon étonnamment vivante à travers un grand nombre d'initiatives visant à conserver la mémoire et les traces matérielles de ces activités et de ses pratiques. Une dizaine de collections (privées, associatives, municipales ou intercommunales) regroupent ainsi un très grand nombre d'objets sur la totalité du département et témoignent de l'évolution du matériel agricole.
Objets symboliques de l'histoire des techniques agricoles, au moins 300 charrues sont ainsi conservées en Loire-Atlantique et apportent autant de témoignages et d'histoires sur les cultures attelée et tractée...

Par ailleurs, réputée depuis plusieurs siècles pour ses activités métallurgiques, Châteaubriant a également vu se développer tout au long du XXe siècle la production de matériel agricole au point de bénéficier, grâce à l'entreprise Huard, implantée dans la ville depuis 1895 du surnom de « capitale de la charrue ».
À Châteaubriant, la charrue est donc le prétexte pour explorer l'histoire et l'actualité de l'agriculture dans le département et de mettre en réseau les musées agricoles de Loire-Atlantique tout en promouvant une action scientifique à l'intérieur de ces établissements (inventaire transversal des collections, documentation, mise en perspective, collecte de témoignages...).

expo charrues

Parcours de l'exposition

Une muséographie originale et dynamique pour explorer le monde des instruments aratoires...

Mise en espace par l'atelier des charrons, agence de scénographie installée à Saint-Etienne (42) et repérée pour ses réalisations de qualité, l'exposition « Des charrues et des hommes » commence dès l'extérieur du château en présentant des modèles contemporains de charrues 5, 6 ou 7 socs fabriquées à Châteaubriant par les usines Kuhn.

Comme un fil rouge, un sillon à la couleur justement de chez Kuhn conduit les visiteurs à travers la cour du château jusqu'à l'escalier Renaissance menant à la salle d'exposition.

Poursuivant ce sillon rouge, les quatre chapitres de l'exposition se déclinent à travers des orientations scénographiques privilégiant le rapport entre le visiteur et l'objet, et faisant se croiser portraits et charrues.

Paysages, agriculteurs, collectionneurs se sont fait tirer le portrait par Guy Hersant, photographe professionnel déjà auteur de nombreux travaux dans le monde agricole. Ces photos ponctuent l'exposition et dessinent un labyrinthe dans lequel on croise nombre d'histoires et de regards sur la charrue...

1 - Travailler la terre

Depuis la sédentarisation des populations, l'évolution de l'araire et de la charrue raconte l'histoire de l'agriculture. Le labour marque le paysage et les saisons... C'est une opération étonnamment complexe dont la technicité et la précision sont essentielles...

2 - Anatomie d'une charrue

Autant de charrues que d'agriculteurs, de cultures, de sols et de labours... Instrument complexe, la charrue se décline en de nombreuses variétés : butteur, décavaillonneuse, sous-soleuse, brabanette, brabant... prenant même parfois la forme d'expérimentations surprenantes. Pièces de conduite,
de travail ou d'attelage, socs cylindriques ou hélicoïdaux, chaque élément de la charrue illustre ces différentes fonctions..

3 - Châteaubriant, capitale de la charrue

Héritière d'une longue tradition métallurgique, Châteaubriant est devenue, grâce aux usines Huard, « capitale de la charrue »... Aujourd'hui encore, à l'entrée de la ville, Kuhn construit des charrues et réalise du matériel agricole de pointe lui permettant de s‘imposer parmi les leaders sur le marché européen.

4 - Charrues d'ici et d'ailleurs, de toujours et de maintenant

De la diversité des paysages de la Loire-Atlantique à la disparité des réalités agricoles dans le monde contemporain, en passant par des portraits d'agriculteurs et de collectionneurs, sillons et labours multiplient symboliques, histoires, débats et interrogations...

Quarante charrues au château...

Quarante charrues au château...

Certaines trônent sur des socles les magnifiant, d'autres grimpent aux murs pour exhiber les détails techniques de leur anatomie, d'autres encore se cachent dans les topiaires du jardin à la française du château...

Au coeur de la ville, le monument qui allie la puissance de la forteresse médiévale et le charme de l'architecture Renaissance ne s'attendait sans doute pas à accueillir un jour autant d'instruments aratoires...
La rencontre entre le château et les charrues est aussi une composante essentielle de l'exposition : les scénographes ont su exploiter l'architecture du lieu et développer des complicités entre les outils agricoles et ces murs qui racontent quelques pages incontournables de l'histoire du rattachement de la Bretagne à la France...
C'est ainsi que se créent des liens entre la salle des gardes et un hangar construit dans la cour Renaissance où s'exposent les tracteurs qui n'ont pu atteindre le premier étage du logis construit au croisement des XVe et XVIe siècle. Au pied du donjon dont l'édification commença au XIe siècle, pendant les dix-huit mois de l'exposition, ponctuellement, on labourera...
Propriété du Conseil Général de Loire-Atlantique depuis 1853, le Château départemental de Châteaubriant accueille depuis cette date de nombreuses administrations et services à destination des castelbriantais, mais aussi des visiteurs de passage venus découvrir ce site majeur des Marches de Bretagne.
Depuis 2001, le Département de Loire-Atlantique y développe une démarche de valorisation patrimoniale en complément d'une importante campagne de travaux de restauration, notamment sur la partie médiévale du site.
Cette dynamique s'appuie sur une véritable volonté de développement culturel et touristique en lien avec le territoire : actions pédagogiques, visites, expositions temporaires et animations s'élaborent dans ce sens et s'accordent de la même volonté d'humaniser le discours : autant que l'Histoire, ce sont les histoires qui comptent...

... pour une grande exposition

Depuis la révolution néolithique, les hommes tirent l'essentiel de leur nourriture de base des plantes cultivées dans les sols travaillés. La fertilité naturelle de la terre a besoin de rencontrer le travail du paysan pour nourrir l'humanité. La rencontre de la métallurgie et de l'agriculture a permis de substituer progressivement le fer, puis l'acier au bois des vieilles araires.
Du bâton à fouir jusqu'aux dernières technologies des charrues multi socs contrôlées par ordinateur, que de chemin parcouru ! Mais un chemin parcouru que par nos agriculteurs suréquipés, car la majorité des paysans du monde utilise encore la traction animale qui représente déjà un progrès considérable par rapport aux techniques manuelles initiales.
Ainsi, les fondements matériels de notre civilisation reposent-ils sur le geste du laboureur. En fait très peu de synthèses sont consacrées à cette question, si ce n'est l'ouvrage déjà ancien d'Haudricourt (1). Or, si les techniques modernes de préparation du sol sont aujourd'hui affaires de spécialistes, les méthodes traditionnelles restent toujours une question reléguée à l'arrière-plan dans les préoccupations des chercheurs.
Nos connaissances sur les techniques anciennes, sur la répartition géographique des divers modes d'attelage, sur les assolements pratiqués, sur les rythmes et les modalités des changements intervenus dans le passé sont très incomplètes et les témoignages des anciens paysans disparaissent sans être collectés...
En revanche, il existe un certain engouement en Loire-Atlantique pour les collections de matériels agricoles anciens : pas moins de dix collections repérées dans le département. On ne peut que saluer l'initiative du Conseil général de Loire-Atlantique d'organiser une grande exposition consacrée à la charrue et de la présenter pendant dix-huit mois au Château départemental de Châteaubriant...

René Bourrigaud

Maître de conférence à l'Université de Nantes

Auteur d'une thèse sur le développement agricole en Loire-Atlantique au XIXe siècle Membre du Centre international de culture paysanne et rurale (Treffieux)

(1) André Haudricourt et Mariel J.-Brunhes Delamarre, L'homme et la charrue à travers le monde, première édition en 1955, réédition en 1986, éd. La manufacture, Lyon, 410 p.

Un projet collectif

Conception de l'exposition :
Élisabeth Loir-Mongazon, conservatrice départementale Conception de l'exposition
Nina Guiraud, chargée de mission (Direction de la culture DGAD Développement Conseil général de Loire-Atlantique)

Textes et validations historiques
René Bourrigaud, Université de Nantes
François Sigaut, École des hautes études en sciences sociales, Paris

Équipe de scénographie
Atelier des charrons - Saint-Étienne (42)

Photographe
Guy Hersant

En collaboration en Loire-Atlantique avec :
• le musée agri-rétro d'Abbaretz
• le musée intercommunal des marais salants de Batz-sur-mer
• le musée du vignoble nantais au Pallet
• le Parc naturel régional de Brière
• l'association Outils et traditions de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu
• le conservatoire des vieux métiers à Saint-Père-en-Retz
• le musée au siècle passé à Teillé
• la maison du paysan à Touvois
• le Centre international de culture paysanne et rurale à Treffieux

Avec la participation
• du musée départemental Thomas Dobrée et du musée du château des ducs de Bretagne à Nantes
• de la mairie d'Ancenis et celle de Fercé
• du musée national des arts et métiers
• et du sultanat d'Oman

et le soutien
• de la Chambre d'agriculture de Loire-Atlantique
• et du Ministère de la Culture